• Vacances, vous avez dit ... "privilège"?

    Ne nous leurrons pas! Les vacances de Toussaint SONT un privilège. Durant mes deux années d'enseignement aux Etats-Unis, je me suis contentée des quatre jours de Thanksgiving (et toujours avec un WE au milieu... donc, au final, cela fait 2 jours de vacances pour quatre mois non-stop d'enseignement). Alors, je ne peux m'empêcher d'avoir cette réflexion et de me réjouir de ces 15 jours (le nombre m'apparaît quelque peu exponentiel, je dois l'avouer) qui s'annoncent tels des petits moments précieux, dont j'ignore totalement le contenu, volontairement, pour rompre avec le rythme effréné qui est le mien chaque jour de la semaine, WE compris.

    7 semaines de classe depuis la rentrée de septembre :

    - programmation littérature bouclée :j'ai renoué avec ces gouzi gouzi sur les bras, frissons garantis lorsque 27 paires d'yeux fixent avec délectation et attente les pages des livres que vous tournez lentement et que vous "mettez le ton" en racontant l'histoire, mariant savamment les changements de voix, d'intonation et respectant à la virgule près la ponctuation, jusqu'à créer quelques sursauts lorsqu'il arrive qu'un point d'exclamation vienne subrepticement bouleverser le texte. Succès de cette programmation, sans jamais lasser mon auditoire (implacable et très difficile à captiver) : "J'aime les livres" d'Anthony Browne, "Un livre, à quoi ça sert?" de Chloé Legeay, "Mon petit roi" de Rascal, "Le roi de la bibliothèque" de Michelle Knudsen, "Un livre" d'Hervé Tullet et pour finir... "C'est un livre" de Lane Smith dont la version anglaise est cultissime.

    Allez, rien que pour le plaisir!

     

    - 7 semaines pour grandir : mes CP ont eu la désagréable surprise de voir leurs récréations raccourcies de moitié (à la maternelle, c'est 30 mn le matin et 30 mn l'après-midi alors qu'en élémentaire c'est 15 mn), ont découvert des séances de sport d'une heure avec échauffement, jeux d'équipes et d'adresse et se sont vite rendus compte qu'un ballon était un objet bien imprévisible, ont appris à mémoriser des mots pour ensuite les restituer sous forme de dictée (non... ce mot n'est point désuet, ni se rapportant à une époque reculée en des temps où l'encre violette était épongée par des papiers buvards), ils se régalent, acquièrent de l'autonomie, prennent goût à l'effort et prennent conscience de leur nouveau statut d'écolier qui n'a de sens que par le travail (non... je n'ai pas rougi en écrivant ce mot magnifique, qui, à lui seul, résume les enjeux, les objectifs, le rôle, le pourquoi et le comment de l'école élémentaire). Mes élèves ont effectué des additions, des soustractions, ont résolu des problèmes de canards qui n'apparaissent pas sur une photo ou de timbres cachés dans un album de collection. Ils ont écrit en attaché. Et pour certains, il a s'agit d'une véritable prouesse, parce que (pour certains) venus le jour de la rentrée avec en mémoire 3 lettres sur 7 que contient leur prénom. Là où certains écrivent la majuscule, d'autres s'entêtent à écrire en capitales d'imprimerie. Ils ont créé leur propre collage, après avoir observé le tableau de Matisse "La négresse". Ils ont accroché leurs réalisations sur des fils dans la cour et ont participé à ce moment unique qu'a été "La Grande Lessive" le 16 octobre dernier.

    Vacances et privilèges

    Après ce tourbillon de progrès, d'efforts fournis, de ce rythme soutenu, de cette hyper-sollicitation, il nous est permis de nous mettre entre parenthèses. 

    A chacun de donner à ces quinze jours la forme qu'il voudra.

    Voyage à l'autre bout du monde au bord d'une plage de sable fin ou sac à dos découverte à dos de chameau (perso, en cette fin d'année civile, et soucieuse de ne rien devoir à l'état, je dois m'acquitter d'une somme astronomique en terme d'impôts... j'ai failli laisser la touche "s" du clavier enfoncée... tellement j'ai l'impression de ne faire que ça. Bon, bref...), vacances dodo-couette-rattrapage-heures-de-sommeil-perdues-à-cause-des-fiches-de-prèp-et-autres-séquences-à-peaufiner (ça serait amusant/et-ou/affligeant de calculer les heures en dehors de la classe, passées à la préparation des cours et autres corrections).

    Alors, voici mon choix pour ces 15 jours de vacances, délicieux privilège dont je savoure chaque minute. C'est pour dire : je n'en suis qu'à mon premier jour de vacances, et je suis relax comme si cela faisait 3 semaines. Ah, là là, le pouvoir de l'auto-persuasion.

    Mise à part une petite-mini-riquiqui "to-do list" qui concerne plus mon jardin qui doit être organisé en mode hiver, je n'ai RIEN prévu si ce n'est :

    - lecture, tricot, balade, lecture, tricot, balade et accessoirement balade, tricot, lecture...

    - et si l'envie me prend : une soirée télé avec tisane, chat à mes côtés (s'il en a décidé ainsi) et plaid sur les genoux.

    Tout à fait le portrait d'une mémérisation annoncée.

    J'assuuuuuuuuume!

    Parce que ça fait du bien de sortir d'un rythme trop soutenu, de reposer son esprit, ses oreilles, ses nerfs, de se mettre au calme et de ne rien s'imposer à soi-même.

    C'est aussi ça, les vacances : le privilège de l'oisiveté, du vide.

    Un luxe.

    Vacances et privilèges


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